La maltraitance des enfants est aussi un virus pandémique COVID 19 – Journée internationale pour l’élimination de la maltraitance des enfants

LA MALTRAITANCE DES ENFANTS EST AUSSI UN VIRUS QUI S'AGGRAVE AVEC LA PANDÉMIE DE COVIDÉS

Journée internationale pour l’élimination des abus et de la négligence envers les enfants

Nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination des abus envers les enfants à l’un des moments les plus difficiles de l’histoire de l’humanité, alors qu’une pandémie de COVID-19 paralyse le monde, exposant la vulnérabilité des femmes et des hommes, quels que soient leur âge, leur nationalité ou leur statut social. Tous les pays des cinq continents ont été contraints de déclarer l’état d’urgence et d’adopter des mesures sanitaires pour contenir la propagation d’un virus et préserver un maximum de vies.

Il existe d’autres situations, compromettant également la vie des enfants, qui se multiplient grâce aux réponses apportées dans le cadre de COVID 19, mais qui restent encore silencieuses. La maltraitance des enfants et des adolescents peut être aussi mortelle, voire plus mortelle, qu’un virus. Les abus physiques, sexuels et émotionnels ainsi que la négligence sont quelques-unes des formes d’abus qui marquent la vie de millions d’enfants dans le monde.

La plupart des violences à l’encontre des enfants se produisent dans leur foyer et la pandémie a exacerbé cette situation en raison, entre autres, des mesures de confinement mises en œuvre et du stress psychosocial accru pour les familles. Cette situation est aggravée par l’interruption ou le sous-fonctionnement des services de protection, ce qui entraîne l’invisibilité de la maltraitance des enfants.

Les organisations de la société civile d’Amérique latine et des Caraïbes font entendre leur voix pour un monde sans violence contre les enfants. Il existe une bibliographie suffisante sur les effets négatifs de la violence à l’égard des enfants et des adolescents, qui vont de la mort ou de blessures graves à de sévères limitations du développement émotionnel et psychologique, la famille étant le lieu où la violence est présente et augmente chaque jour en fréquence et en gravité.

Rappelant la Déclaration du Comité des droits de l’enfant, la résolution de la CIDH sur la pandémie et les droits de l’homme en Amérique latine et l’appel des experts de l’ONU à atténuer les risques de violence contre les enfants, nous appelons les États d’Amérique latine et des Caraïbes à :

  1. Prendre toutes les mesures nécessaires et efficaces pour mettre fin à la maltraitance des enfants. pour atteindre la cible 16.2 de l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui consiste notamment à mettre fin aux abus, à l’exploitation, à la traite et à toutes les formes de violence et de torture à l’encontre des enfants et des adolescents. Dans le contexte de la pandémie actuelle, veiller à ce que les réponses incluent effectivement les mesures nécessaires à cette fin, notamment en prenant des mesures pour prévenir la violence et les abus domestiques, en facilitant l’accès aux moyens de signalement et en agissant avec la diligence requise sur les signalements effectués.
  2. Renforcer, ou promouvoir si nécessaire, les systèmes nationaux de protection des enfants et des adolescents. Pour une attention adéquate aux enfants, entre autres mesures, le renforcement institutionnel, technique, financier et opérationnel qui garantit, dans une perspective de droits et de genre, le développement d’actions de prévention et de réponse aux victimes. Mettre en place une réponse globale qui comprend des stratégies visant à garantir que les mesures mises en place pour la pandémie sont coordonnées, complémentaires et universelles. Les organismes de prévention et de protection au niveau municipal doivent être considérés comme des services essentiels pendant la durée de la quarantaine.
  3. Développer et assurer le respect effectif des différents protocoles de prise en charge des enfants et adolescents victimes d’abus qui garantissent le rétablissement immédiat de leurs droits, un soutien psychosocial de qualité et le renforcement de l’environnement familial, scolaire et communautaire. Veiller à ce que les restrictions actuelles dues à la pandémie ne compromettent pas ou n’affaiblissent pas ses dispositions, en définissant les services de base de protection de l’enfance comme essentiels et en veillant à ce qu’ils restent fonctionnels et accessibles.
  4. Réduire les inégalités sociales et de genre qui rendent les filles et les adolescentes particulièrement vulnérables aux abus et autres formes de violence. Veiller à ce que, dans la situation d’urgence actuelle, il y ait suffisamment de protocoles d’identification, d’orientation, de soins et de coordination pour protéger et apporter une réponse immédiate aux enfants et adolescents survivants de la violence, qui dans la plupart des cas vivent avec leur agresseur, ce qui rend difficile pour eux l’accès aux moyens de dénonciation.
  5. Développer des actions pour la protection spéciale des enfants dans des contextes de mobilité humaine, de conflit armé, privés de soins parentaux, privés de liberté, handicapés ou appartenant à des peuples indigènes, étant des circonstances particulièrement difficiles dans lesquelles les facteurs de risque d’abus ou d’autres formes de violence sont accrus. Cela permet de s’assurer qu’aucun enfant n’est laissé de côté par les mesures mises en place.
  6. Soutenir les familles en tant qu’espaces primaires de protection des enfants, en leur permettant d’assumer un rôle affectif, formateur et protecteur dans l’éducation et la formation. À cette fin, il est nécessaire de développer des programmes et des services de prévention qui contribuent à renforcer les capacités parentales et à modifier les normes sociales ou les schémas culturels qui encouragent la violence à l’égard des enfants comme forme de relation.
  7. Intégrer la société civile afin qu’elle puisse assumer un rôle de premier plan dans la protection des enfants par le biais d’actions et d’initiatives conjointes en matière de prévention, de diffusion, de signalement et de soutien aux enfants victimes d’abus. Dans le contexte actuel, cela permet de créer des garanties qui permettent d’intervenir dans les actions d’urgence et d’impliquer les OSC dans les processus d’analyse, de conception et de prise de décision liés à la pandémie.
  8. Promouvoir des espaces de participation et d’écoute active des enfants, où ils peuvent exprimer librement leurs idées, opinions et points de vue et exercer une citoyenneté active pour faire connaître leurs préoccupations, formuler des propositions et exiger le respect de leurs droits. Les enfants sont des agents du changement, des protagonistes de leur vie dans leur famille et leur communauté, et c’est avec eux que nous pourrons sans doute combattre cette crise mondiale.